Blanches envolées & Géant blanc
Le blanc monumental selon Isabelle Thiltgès
Du dernier shooting de Philippe de Formanoir à l’Atelier du sculpteur belge Isabelle Thiltgès récemment repeuplé par le retour des œuvres exposées à Veytaux en Suisse dans le cadre de ZOOM ARTISTE, à un focus dédié au blanc monumental dans le travail de l’artiste : une idée naturellement imposée par l’arrivée inédite du spectaculaire Au Gré des Vents, toute dernière « blanche envolée » présentée pour la première fois sur les rives du Lac Léman.
Au Gré des Vents 1, 2, 3, 4, 5
Résine et poudre de marbre, 2022
1. 370cm | L. 100cm | P. 50cm • 2. 330cm | L. 100cm | P. 50cm
4. 290cm | L. 100cm | P. 50cm • 4. 250cm | L. 100cm | P. 50cm
5. 210cm | L. 100cm | P. 50cm
Composée de cinq oiseaux en résine et poudre de marbre saisis dans un battement d’ailes unique et décliné par la hauteur des tiges qui les emportent vers le ciel, l’œuvre s’est installée à Bruxelles, découvrant ainsi l’Atelier d’Isabelle où elle a trouvé bonne place aux côtés des autres sculptures.
Au Gré des Vents 1, 2, 3, 4, 5 @ l’Atelier d’Isabelle (vue 1)
Crédit Photo : © Philippe de Formanoir
Au Gré des Vents 1, 2, 3, 4, 5 @ l’Atelier d’Isabelle (vue 2)
Crédit Photo : © Philippe de Formanoir
Au Gré des Vents : une échappée belle à travers laquelle Isabelle Thiltgès ouvre une nouvelle voie vers la liberté tracée en lignes parfaites et toujours aussi épurées ; un souffle blanc déjà initié par Albatros et Tout Simplement, deux autres œuvres monumentales exposées à Veytaux qui ont également retrouvé l’Atelier.
Albatros et Tout Simplement @ Veytaux – Expo ZOOM ARTISTE 2022
(Albatros à gauche : Résine et poudre de marbre, 2021 – H. 210cm | L. 30cm | P. 50cm (hors socle))
(Tout Simplement à droite : Résine, poudre de marbre et bronze, 2012 – H. 280cm I L. 48cm I P. 35cm)
Blanc et monumental : un dénominateur commun et signifiant portant la trame d’un dialogue intime entre l’Homme et l’Oiseau ; un échange contenu placé sous l’égide de la pureté qui méritait d’être partagé. Par-delà les patines sombres et chamarrées, arrêt de fait incontournable en mots et en images sur le grand et sur le blanc au détour de la (re)découverte de trois sculptures emblématiques qui illuminent l’Atelier.
Premier chapitre de l’Histoire du blanc monumental dans le travail d’Isabelle avec Tout Simplement, une conversation silencieuse entre le grand et le petit réunis à la faveur d’un jeu d’échelle savamment maîtrisé. Celle d’un géant accompagné par le petit Simplement en bronze, son image saisie en second temps pour qui lève les yeux vers l’épaule de la silhouette oblongue d’un blanc spectral esquissée en lignes justes et épurées. Une œuvre puissante et pourtant si douce pensée dans la clarté, en contrepoint mesuré à l’obscurité du Gouffre de Padirac (Lot, France), pour lequel la pièce fut commandée ; où elle est toujours installée à 103m sous terre.
Tout Simplement dans le Gouffre de Padirac
Crédits Photos : © Jean-Claude Lemée
Une lumière sereine dans la pénombre de la cavité naturelle comme à l’Atelier, où un autre exemplaire est installé au milieu des palmiers…
Albatros @ l’Atelier d’Isabelle
Crédit photo : © Mireille Roobaert
… Autre niche végétale d’où il aperçoit l’envolée d’Au Gré des Vents, cinq merveilleux compagnons de voyage sur lesquels paraît veiller le grand Albatros saisi en équilibre tendu sur la pointe de son aile, dans l’instantanéité d’un mouvement précis et épuré.
Albatros @ l’Atelier d’Isabelle
Crédits photos : © Philippe de Formanoir
Tout Simplement, Albatros, Au Gré des Vents : trois œuvres un peu magiques qui parlent d’intériorité, réunissant à elles seules les thèmes chers à Isabelle qui aime les oiseaux pour leur liberté ; l’humanité pour ses richesses et ses histoires, qu’elle raconte à sa manière, avec la sensibilité qu’on lui connaît. Trois sculptures monumentales en tous sens : magistrales par leurs proportions ; remarquables pour leur profondeur sublimée par le blanc, couleur « sans doute la plus ancienne, la plus fidèle, celle qui porte depuis toujours les symboles les plus forts, les plus universels, et qui nous parle de l’essentiel : la vie, la mort, et peut-être aussi […] un peu de notre innocence perdue »*. Une couleur choisie en adéquation avec le travail d’Isabelle : précis, profond, sans démonstration ; qui à l’instar du blanc, nous parle lui aussi de l’essentiel … et peut-être, il est vrai, de notre innocence perdue mais que l’artiste, à son secret, ne cesse de nous inviter à retrouver.
Beau comme la naissance de l’aube après la nuit, un peu magique, si lumineux. De ces rencontres qui ne s’oublient jamais.
Sophie Cloart
*(Dominique Pastoureau et Michèle Simonet, Le Petit Livre des couleurs)
Et parce que le blanc d’Isabelle a aussi ses artisans fidèles …
Portrait d’Antonio Carvalho à la réalisation d’Albatros en résine