“Origine” du croquis à la terre
Présentation de l’original en attendant le bronze
Origine
Du croquis à la terre
© ITS
Présentation avec Origine, dernière terre fraîchement achevée par Isabelle Thiltgès, que le confinement n’a pas empêchée de travailler.
Isabelle au travail de la terre
L’œuvre est simple et sans détour, se révèle dans la dualité : deux ailes se rejoignant en leur sommet, l’une pleine et lisse, l’autre creuse et texturée.
Origine
Les « ailes » en terre
© ITS
Nouveau jeu de lignes courbes qui modèlent la matière et circonscrivent le vide central de la pièce, son « espace cœur » essentiel pour la place substantielle qui lui est accordée ; avant cela peut-être pour la forme pleinement perceptible qu’il définit : celle d’un œuf, élément parfait sans commencement ni fin.
L’œuf, thème déjà présent dans le travail d’Isabelle qui jusqu’à présent, l’avait traité en plein – les œufs en terre, ceux d’Alma Mater, celui de L’Attente ou encore de Genèse…
De haut en bas
Les Oeufs en terre crue – Genèse – Alma Mater – L’Attente
© P. de Formanoir et ITS
… L’œuf qu’elle suggère cette fois ici par, mais sans la matière, ne fermant ainsi aucune perspective ; ouvrant les champs, offrant la possibilité au regard de traverser la forme suggérée avec la liberté de s’y arrêter ou de passer au-delà.
Origine
La terre @ l’Atelier – Vues Indoor & Outdoor
© ITS
L’image est forte et riche de symbole : voir à travers l’œuf à la fois visible et invisible, ou faire face à l’image archétypale de l’origine, de la source de toute vie nouvelle en devenir sous la coquille pourtant fragile. Distinguer cet œuf défini et sublimé par les ailes très présentes qui le protègent ; l’appréhender et le comprendre pour ce qu’il est indubitablement : une allégorie de la création convoquant le thème, pour y revenir, de l’origine, et se surprendre, au fil du dialogue établi avec la sculpture, à s’interroger sur la sienne. Une forme d’incitation subtile à l’introspection proposée ici et peut-être pour la première fois, à travers une œuvre qui repousse les limites entre l’abstraction et la figuration.
Origine
La terre en toute simplicité
À y réfléchir d’un peu plus près, Origine pourrait en effet bien être un nouveau cap franchi par Isabelle, précisément figurative mais qui depuis quelques années, se concentre néanmoins sur un travail des lignes qui a emmené certaines de ses créations sur le chemin de l’abstraction, toujours figurative du moins jusqu’à Origine, nouvelle œuvre bipartite et éthérée, dans l’absolu purement abstraite mais laissant pourtant à chacun la liberté d’y trouver « son œuf » à la fois absent et présent, partie figurative in fine suggérée par l’absence de matière ; ce fameux « espace cœur » qui sous-tend l’histoire que la nouvelle pièce raconte à l’égal des autres sculptures qui transmettent toutes à chacune ce que l’artiste saisit et restitue toujours avec sensibilité du monde et des hommes, qu’elle observe sans lassitude, aime profondément.
Origine : quand abstraction rime avec émotion transmise par la pureté des lignes justes et maîtrisées « signature » d’Isabelle. Une œuvre faite de vide et de matière, à l’équilibre entre l’élégance de la sobriété et la puissance qui s’en dégage. Nouvelle création identitaire du sculpteur belge Isabelle Thiltgès qui une fois encore, va à l’essentiel à coup de formes simples suffisant à tout dire, touche l’émotionnel de chacun sans donner leçon. Une histoire sans superflu, de celles qui ouvrent en grand les portes de l’imagination.
Origine du croquis à la terre
Genèse décomposée
Parce que tout reste possible ; parce que la vie et la nature, depuis leur origine, demeurent précieuses et belles, pourvu que l’on s’attelle à ne pas oublier d’où elles viennent. Origine, sorte d’invitation au retour à soi qu’Isabelle nous adresse sans obligation, probablement guidée par l’intime conviction du bienfait de la démarche offrant, à celui qui s’y engage, la possibilité d’un ressourcement propice à l’apaisement. En ces temps troublés, le message fait grand bien.
Sophie Cloart